Les 6 techniques de facilitation utilisées dans Koh Lanta que tout facilitateur doit adopter lors de ses ateliers de co-création

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À moins de vivre loin de toutes sources d’informations et/ou reclu dans une grotte (peu probable mais pas impossible), difficile de n’avoir jamais entendu de l’émission de télé-réalité Koh Lanta. Surfant sur une mécanique relativement simple, le principe de Koh Lanta est de déposer sur une île où les ressources en nourriture et eau sont plus que limitées, près de 20 candidats. Ils vont devoir cohabiter, collaborer et s’affronter pour devenir le dernier survivant et empocher la modique somme de 100 000 euros, tout de même !

L’objet de cet article n’est pas de faire la promotion de cette émission (et cet article n’est pas sponsorisé, on vous l’assure) mais d’extraire les techniques de facilitation utilisées et qui ont indirectement permis à l’émission et Denis Brogniart – l’animateur vedette – de perdurer pendant 18 ans, 22 saisons avec 287 candidats et 6,6 millions de téléspectateur en moyenne par épisode… Wow !

Afin d’avoir quelques billes pour mener à bien vos workshops, nous vous partageons 6 techniques de facilitation utilisées par Denis Brogniart pour maintenir son émission au top pendant toutes ces années.

1. Faire en sorte que tout le monde connaisse et partage l’objectif.

Au début de chaque épisode, puis rappelé peut être 4 ou 5 fois ensuite, l’objectif est d’être le dernier survivant de l’aventure et d’empocher les 100 000 euros. Denis Brogniart rappelle tellement cet objectif que vous pouvez demander à n’importe qui, ou presque, il vous le donnera à coup sûr ! Alors oui c’est sur, tout au long des jours passés sur l’île paradisiaque, chacun aura son agenda caché, par exemple certains seront là pour participer, d’autres pour se prouver à eux même qu’ils peuvent le faire, … mais tous auront dans un coin de la tête l’objectif de cette émission, être le dernier survivant et remporter les 100 000 euros.

C’est d’ailleurs cet objectif qui sert de fil rouge aux participants dans toutes leurs stratégies et combines. Les alliances se font et se défont au fur et à mesure de l’avancement, les trahisons sont légion… Bref, tout ce qu’il faut faire est fait pour avoir ce chèque !

Au cours de vos workshops, en tant que facilitateur, vous devrez toujours partager au début l’objectif de l’atelier ainsi que rappeler la raison pour laquelle les participants sont présents à l’atelier. Vous devrez aussi rendre visible cet objectif tout au long du workshop pour que les participants puissent se le remémorer. Cela garantit que l’ensemble des échanges et des décisions se feront avec en tête les objectifs et la finalité de l’atelier. Vous n’êtes cependant pas à l’abri des participants ayant un objectif caché.

2. Laisser les équipes s’auto-gérer et rappeler simplement les règles

Sauf évènement imprévu, nous ne voyons Denis Brogniart qu’à trois moments dans un épisode de Koh Lanta : lors de l’épreuve d’immunité, lors du jeu de confort et enfin lors du vote. Il n’intervient pas lors de la vie sur le camp et laisse l’équipe s’auto-gérer complètement sur toutes les thématiques liées au campement, la gestion de la nourriture et l’organisation de l’équipe.

Les membres de l’équipe sont libres d’évoluer comme ils le souhaitent dans ce cadre pour se préparer au mieux aux différents jeux et survivre dans des conditions souvent compliquées. L’animateur n’intervient que très rarement et le fait seulement pour trois raisons.

La première est pour rappeler le cadre dans lequel évolue l’équipe, ce qui peut être fait ou non. Il intervient par exemple dans l’épisode où Mohamed tombe sur une chèvre enceinte égarée appartenant à un pauvre fermier qui souhaite la récupérer alors que le dit Mohamed souhaite quand même l’égorger parce qu’il a les crocs.

La deuxième est si un des participants tombe malade ou met en péril sa santé.

La troisième raison est pour partager aux participants un événement non planifié.

Dans la réalisation de vos workshops, vous êtes responsable du cadre dans lequel évolue vos participants. Dans ce cadre, laissez vos participants travailler collectivement essayez d’intervenir le moins possible, c’est à dire dans ces 4 cas là :

  • Repréciser les règles si certaines personnes ne se les ont pas entièrement appropriées,
  • Énoncer le temps restant ou rappeler les règles de fonctionnement de l’atelier s’il voit que certaines personnes ne les respectent pas (comme notre ami Mohamed),
  • Canaliser les débats et maintenir un climat bienveillant pour éviter que des participants sortent de leurs gonds,
  • Récupérer l’attention pour énoncer une information ou consigne supplémentaire.

Votre objectif en tant facilitateur, vous l’aurez compris, est donc de faire sorte que l’équipe s’auto-organise et génère un maximum de valeur de façon collective.

3. Savoir débriefer

Retour sur une discussion entre Denis Brogniart, Berthe et Bob :
D : Alors Berthe, comment s’est passé l’épreuve ?
B : On s’est fait écraser, mais c’est de la faute de Bob, il sait pas nager et nous a fait perdre tout notre temps !
Denis se tournant vers Bob. D : Bob, que s’est-il passé ?
B : Bah, Si Berthe elle ramait dans le même sens que tout le monde, je serai jamais tombé à l’eau !
D: Et vous, Luc ? Qu’est ce qui s’est passé avec votre rame ?
[…]

À chacune de ses interventions, Denis Brogniart maitrise l’art du débrief. Que cela se déroule lors d’un jeu ou d’une session se déroulant avant un vote, il pose toujours une question ouverte amenant un participant a réfléchir sur le déroulement de la session, les moments forts, l’organisation qui en a découlé, les interactions… Et à chaque fois les participants se prêtent au jeu et fournissent une analyse plus ou moins partisane mais souvent détaillée.

En tant que facilitateur, si vous voulez que vos participants s’approprient pleinement les enseignements souvent simples et criants de vérité sur ce qu’il vient de se dérouler, il faut les amener à répondre par eux-mêmes aux bonnes questions et qu’ils se refassent le film des événements. Vous devez faire débriefer un jeu ou une session par les participants et surtout pas par vous-même, votre rôle est de poser les bonnes questions ! Cela passe par 5 étapes successives :

1. Le ressenti – Comment l’avez vous vu vécu ?
2. La relecture – Qu’est ce qui s’est passé ?
3. Les enseignements – Quelle en est la cause ?
4. La critique – Comment aurait-on pu faire autrement ?
5. L’analogie avec le problème à résoudre – Qu’est ce que ça vous apporte comme enseignement dans notre cas ?

4. Etre neutre et ne pas juger

Regarder Koh Lanta en mangeant un bon repas devant la télévision un vendredi avec la garantie que les candidats se déchirent pour des raisons souvent superflues est souvent un plaisir coupable, je l’avoue ! Mais avez-vous remarqué que lorsque ses discordes ont lieu devant Denis Brogniart, celui-ci se contente de poser des questions à l’ensemble des candidats sans jamais donner son avis ni énoncer un jugement ?

Lorsque deux personnes s’écharpent, il donne la parole à un des autres membres du groupe pour solliciter leur avis et ainsi donner du poids à un des deux belligérants et faire en sorte que celui en tort se retrouve sous la pression du groupe de façon naturelle.

Cette technique lui permet de débriefer efficacement d’un évènement, de faire participer le groupe et de converger vers un désamorçage du conflit.

Dans vos workshops, vous n’êtes « en théorie » pas l’expert et au cours des échanges, vous ne devez pas prendre parti ni donner votre opinion. Le risque que vous prenez en donnant votre opinion est de perdre votre image neutre et donner l’impression aux participants que quoiqu’ils disent, de toute façon c’est biaisé car le facilitateur sait déjà ce qu’il veut. Quand le débat n’avance pas, servez-vous du groupe, faite parler les personnes et essayer d’extraire les éléments factuels et objectifs pour les faire avancer !

5. Faire voter

“Les aventuriers ont voté et leur sentence est irrévocable, apportez votre flambeau ». Tel est la phrase culte de l’émission. En effet, à la fin de chaque épisode de Koh Lanta un aventurier est éliminé et cela se fait par vote. Après un débat facilité par Denis, chaque participant vote de façon caché pour un aventurier qu’il souhaite éliminer. Denis récupère ensuite la boîte et dépile les votes pour annoncer qui sera éliminé.

Cette technique de facilitation est efficace pour faire converger un groupe et surtout pour éviter une phase de débat interminable pour arriver à mettre tout le monde d’accord et qui, par conséquent, pourrait mettre en péril toute votre organisation. Pour réaliser ce vote, plusieurs techniques existent :

  • Comme dans Koh Lanta, le vote a bulletin caché
  • Chacun vote pour l’élément qu’il préfère
  • Chaque participant dispose de gommettes représentant leur vote et viennent les poser sur l’élément de leur choix

6. Connaître le cycle de vie d’une équipe (même s’ils en abusent un peu dans Koh Lanta)

On en est au jour 15, l’équipe jaune performe et écrase l’équipe rouge à n’en plus finir. Tout le monde se demande s’il va rester des candidats rouge lors de la réunification tellement les jaunes sont soudés et prêts à relever toutes les épreuves. Dans le même temps, l’équipe rouge semble complètement désappointée avec un leader le bras en écharpe au bord de l’abandon après sa chute du ponton…

Voyant l’audimat se fléchir, le risque de voir son émission sans rebondissement ni dynamique forte, Denis Brogniart en fin connaisseur utilise une de ses ficelles habituelles, à savoir le twist ultime : intervertir un membre jaune influent contre un membre bleu ! Qu’est-ce qu’il se passe après ? Les dynamiques changent, les équipes ne performent plus autant, les candidats se craignent ou se soupçonnent bref, ce n’est plus la panacée !

En tant que facilitateur, il est utile de connaître le cycle de vie d’une équipe selon le modèle de cohésion de groupe proposé par Bruce Tuckman en 1965 . Chaque groupe passe par les étapes de « forming – storming – norming – performing » littéralement « formation – tension – normalisation – production » :

1. Formation – les membres de l’équipe se rencontrent et apprennent à se connaître
2. Tension : confrontation des opinions, des divergences apparaissent, les barrières de la politesse disparaissent et les tensions naissent
3. Normalisation : structuration de l’équipe, des règles se mettent en place et des consensus se créent sur les points de divergence.
4. Production – performance : les membres de l’équipe sont efficaces et performent ensemble sur la base du cadre défini lors de la phase de normalisation.

Lorsque l’équipe performe, si un membre change, l’équipe retournera dans une phase de storming dont la durée sera dépendante de l’impact du nouveau venu ! Ce que fait Denis pour rééquilibrer les forces en présence dans Koh Lanta avec succès. Votre rôle en tant que facilitateur sera de tenter d’identifier dans quelle phase est l’équipe pour l’amener au plus vite à performer et passer les étapes de storming / norming, couteuses en temps et en énergie.

Regarder Koh Lanta : votre excuse ultime pour réviser votre posture de facilitateur

Vous connaissez à présent quelques techniques de facilitation utilisées dans Koh Lanta dont vous pourrez vous inspirer pleinement dans la facilitation de vos ateliers ! Si vous êtes fans de Koh Lanta ou si vous connaissez d’autres techniques de facilitation ou si vous souhaitez simplement réagir à cet article, n’hésitez pas à partager avec nous vos commentaires ou nous écrire hello@klap.io.

Cet article est rédigé par Yoann Leméni, consultant en innovation et transformation organisationnelle et culturelle chez NovaVista mais aussi membre actif de la communauté Klap.  Yoann co-anime également nos meetup dédiés à la facilitation.

Vous souhaitez vous essayer à la facilitation ?

Nous vous donnons rdv sur notre groupe Meetup Make it Klap pour voir les nouvelles dates de notre 💥Vous donner des billes en facilitation💥 Savoir animer un groupe (places ultra limitées !!!).

En effet, la compétence de facilitation est difficile à maîtriser et demande du temps. Nous avons donc souhaitez vous donner les billes pour que vous puissiez adopter la posture du facilitateur pour vos propres ateliers.

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L'agence de Design Thinking Klap.io a été créée en 2015 par Mélissa Aldana et Vincent Dromer. Notre but ? Diffuser au plus grand nombre les nouvelles méthodologies de travail en accompagnant les entreprises sur leurs problématiques, en proposant des formations et des initiations gratuites chaque mois.

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